Immense et gris reptile
Le large fleuve paisible
Déroule ses méandres
Il glisse , tranquille
Sur cette terre stérile
A l'âme si tendre .
Sur l'avant de la barque
Le vent violent
Tel une claque
Me fouette le visage
De son souffle brûlant
Nulle fraîcheur
Implacable chaleur
Tout semble nimbé
Comme par temps d'orage
D'une auréole opaque
Le ciel plombé
Ecrase le paysage
Par moments la barque vacille
Les courants sont forts
Les gars s'agrippent à la voile
Lamentable chiffon de toile
Les peaux sombres et nues
D'un longy seulement vêtues
Les muscles tendus sous l'effort
La chair sous le soleil scintille
Beauté sauvage des corps
Naturelle sensualité
Admirable nudité
Tant bien que mal
Ils redressent , un exploit !
Le vieux rafiot bancal
Fragile coquille de noix
En équilibre précaire
Debout , pieds nus
Le nez en l'air
L'APN en bandoulière
Je contemple les alentours
D'un côté , sur le pourtour
Des falaises crayeuses
Coiffées de fiers stupa dorés
De l'autre une étendue sablonneuse
De rares herbes , des cabanes de pêcheurs
Somnolence , douce torpeur
Du lointain arrivent des odeurs
Parfum de jasmin , capiteuses senteurs
Bercée par les flots
Je savoure cet instant de repos
Seule vie à ce tableau
Les buffles dans le fleuve
Les gosses jouant dans l'eau
Un véritable chef-d'oeuvre .