Peinture de Jason Barre .
40° à l'ombre
34° à fleur de peau
collée aux draps
sale sparadrap
elle sue , sang et eau
elle se bat , se débat
contre l'ennemi ,
ce scélérat ,
le choléra ...
... entre vie et trépas ,
véritable , déplorable
sangsue alitée
elle veut se lever ...
un pied à terre
elle chancèle , elle titube
se cogne aux murs ,
espace restreint ,
trop étroit , elle étouffe
panique , délire ,
fragile , elle verse ,
ivresse perverse ,
extrême faiblesse ,
elle se traîne , lamentable
succube ,
jusqu'à la table ,
elle claque des dents ,
elle claque dehors ,
elle claque dedans ,
en sueur pourtant
elle gèle , elle a froid
dans la glace ,
sa tête ...
un rire , une grimace
est-ce bien elle
cette chose noire
immonde , cynique ,
cette horrible bête
ce masque de mort ?
Sales oripeaux
sa chair , sa peau
le corps vide
déshydraté , décharné
elle tente d'avaler , de boire
une goutte d'eau ...
mais c'est une autre histoire !
elle ne peut pas , ne peut plus ,
ne sait plus ,
sa gorge se noue
le mécanisme est cassé
impossible d'avaler
elle halète , succombe ,
à genoux ,
dans cet univers de poix
entre ces quatre murs étroits
elle entend des murmures ,
des bruits , des voix ...
déjà un pied dans la tombe
sonne le glas
glaglagla ...
glacée jusqu'aux os ,
elle a peur , elle grelotte ,
a un haut-le-coeur ,
tombe sur le lit ,
a les chocottes
la peau collée ,
tendue , fripée ...
c'est l'heure !
elle va mourir ici ,
en Birmanie ,
entre hier et demain ,
entre tout et rien ,
elle flotte misérable ,
carcasse lamentable
dans un présent gluant ,
visqueux , poisseux ,
la terre des humains !