J'aurais aimé ...
Tout près d'un chêne
D'un saule , d'un tilleul
Ou même d'un cerisier ,
Sans cérémonie , sans cercueil
Dans le plus parfait anonymat ,
Ivre de peine ,
Immensément seule ,
Mon fils Gregory , t'enterrer là !
Dans la plus complète solitude
Creuser un grand trou noir
Creuser à n'en plus pouvoir
Jusqu'à l'extrême lassitude
Creuser , creuser ... encore et encore
Attendre la sérénité du soir
Et dans la douce pénombre
Enfin y déposer ton corps ,
L'envelopper d'un suaire ,
Un de mes plus beaux saris ,
Brodé d'or et de pierreries
Et doucement t'ensevelir
Sous la terre la plus fine
Agenouillée , mendiante
De mes mains tremblantes
Peu à peu te recouvrir
De mon coeur en cendres ,
D'un océan de larmes ,
Y déverser mon âme ;
Pleurer , pleurer à en mourir
M'étendre sur ta tombe
Attendre trois nuits , trois jours
Que la douleur enfin retombe
Et me redresser guérie
D'espoir remplie
Te recouvrir de fleurs
Et partir sans douleur
Revenir chaque jour
Avec tendresse , avec amour
Avec bonheur , sans peur ...
J'aurais aimé ...