Angkor Vat , Cambodge .
Lentement , sournoisement ,
inlassablement , inexorablement ,
sans cesse , ils enlacent ,
serrent , étouffent , s'emparent
des solides remparts ,
envoûtent les voûtes ,
entourent les tours ,
écrasent les dalles ,
en silence , avec patience
plissent les places ,
les palaces ,
glissent dans les dédales ,
les longs couloirs ,
vivent dans le noir ,
dans les interstices ,
sur les frontispices ,
longuement , subrepticement ,
ils prennent leur temps ,
escaladent les arcades ,
se nichent sur les corniches ,
se mêlent aux tresses
des apsaras en détresse ,
méandres , torsades ,
guirlandes , rosaces ,
par les portes , les porches ,
la moindre ouverture
en volutes et astragales
ils rampent sur les rampes ,
pénètrent les murs ,
hantent les moulures
sans un murmure
les Lémures
de Dame Narure ,
sournoise cohorte ,
en bande sur les frontons ,
immenses torches ,
en rubans sur les chevrons ,
ils se prélassent ,
se lovent partout ,
envahissent tout ...
et de guerre lasse ,
par manque d'air ,
périssent les sculptures ,
les temples , les monuments
dans un inneffable calvaire ,
indicible tourment ,
torture de chaque instant .