J'ai déposé ma haine
Au pied d'un chêne
Et mon immense douleur
Sous un rosier en fleurs
Auprès d'un large tilleul
Lasse , un peu perdue
Libre et seule
Entre ombre et lumière
Je me suis étendue
Au doux murmure
De la ramure
Bercée par le tangage
Du lèger feuillage
D'oeillades
En dérobades
A terre
Je me suis endormie ...
... Le chêne agressif
Furieux , courroucé
Plein de dépit
Projetait une ombre
Noire , énigmatique
Le rosier plaintif
Gémissait en larmes
Triste , famélique
C'en était pitié !
Un véritable drame !
... En sueur , je me réveillais
Peu fière , je courus
Reprendre ma haine
Au pied du grand chêne
Gêné , confus
Et ma douleur
Sous le rosier en pleurs
Puis je suis partie en secret
Sans me retourner
Honteuse de ma lâcheté
Avec pour tout bagage
Ma haine et ma douleur
Un bien lourd équipage .